caractère ▵
Caliban, t’as encore les yeux un peu dans le vague ;
émotions ;
t’as l’regard de ceux qui connaissent bien plus que la simple beauté du monde. T’as les étoiles qui s’efforcent de voir les ruissellements de joie que ces terres offrent.
Tu sais pas trop qui t’es, c’est vrai qu’t’es pas vraiment en paix. C’est vrai oui, que t’es un peu perdu, tu sais pas trop ce que tu fais.
Hier encore, t’étais un petit gars ; et le voilà déjà qui fait plus de trois pas.

T’as encore des p’tits sourires timides ; gamin incertain. Ce genre de petits sourires qu’on perd de vue. On ne te regarde pas Caliban, on ne te regarde pas. Personne ne se penche pour regarder les intérieurs, ce qu’est le coeur tendre qui fait battre ce corps tremblant. Ne lui en voulez pas, il ne se contrôle pas.
ou peut-être qu’il ne se contrôle plus ; la respiration saccadé, le monde qui se retourne, qui le submerge. les angoisses des jours perdus..

Je t’ai longtemps observé, Caliban. J’ai vu ton innocence ; tes yeux brûlants de pureté.
Caresse des folies. Tout est si dur dans ce monde Caliban, tu es si gentil, que les crocs des monstres sous ton lit ne feront que te dévorer.
Tu es l’enfant qui a grandi trop vite, qui ne comprend encore que la moitié du monde qui l’entoure. Tu es l’animal qui demande à ce qu’on l’apprivoise ; celui en quête des douceurs.

Et pourtant, t’as tout pour toi, Cal. Tu as ces belles prunelles au couleurs des lacs, perçantes, mais personne n’ose te regarder droit dans les yeux ; effrayants de beauté.
C’est vrai que tu as beaucoup changé, Caliban. Tu n’étais pas comme ça, tu n’avais rien de tout ça.
Tu es un grand coeur qui n’arrive pas à s’exprimer. T’es encore un jeune enfant oui, tu hésites à parler.
est-ce que j’en ai le droit ?
Il n’est pas bien confiant ce p’tit gars.
Tu as le regard de ceux qui ne peuvent pas en voir plus qu’ils n’ont déjà vu ; la terreur de ces crève-coeurs bleus, aux ombres qui se lèvent, menaçantes.


Caliban, tu es doux. Tu es la bonté souriante aux aînés lorsque les poids de la vie leur sont bien trop lourds. Tu es l’innocence perdue des adultes ; l’âme sans fin.
est-ce que je peux vous aider ?
Tu es la caresse du vent aux couchers de soleil ; tu es le rire des enfants aux premières lueurs de l’Aurore, la candeur et la naïveté du premier amour.
le prince charmant.

Et la nuit, tu ouvres tes albums, dans ces nostalgies, de ces mondes qui s’en sont allés, sans jamais regarder au derrière. Tu as cette peur d’oublier tes rêveries éternelles, celles qui ne connaissent la réalité qu’à travers tes désirs.

naïf — coquet — peu confiant — persévérant — pudique émotionnellement — jaloux — imprudent — peureux — bavard — généreux — maladroit — tête en l’air — rêveur — désorganisé — ambitieux — perfectionniste — susceptible — possessif — innocent

histoire ▵
Tu n’avais que cinq années quand tu as été recueilli. Un jeune hérisson, perdu si jeune par le monde.
Le cadran qui affiche un chiffre bien trop gros alors que tu es doucement endormi à l’arrière de la voiture.
Les cris de détresse d’une âme en peine. Le silence des nuits étoilées, là où les voitures ne se font plus entendre, emportées par les rires malicieux des vents du monde. Les banderoles qui s’étendent, les gyrophares qui tournent encore et encore, ton univers qui est à l’envers.
— il y a encore un enfant, dépêchez-vous ! hurlements. deux adultes à l’avant, sortons les, mais je crois qu’il n’y a plus rien à faire. ton grave.

Et la famille s’agrandit pour accueillir cette petite bête, pleine d’amour. Si jeune, si perdue, qui cherche ses parents. Le regard rayonnant d’un univers entier à découvrir, les larmes de celui qui ne sait pas ce qui se passe.

— il n’a plus de famille, mais il y a écrit sur le testament qu’il a une marraine et qu’elle est la responsable légale en cas de décès.

Tu as été recueilli dans une famille que tu ne connaissais que trop bien, et qui te couvrait de tendresses ;
gentillesse.
bonté.
partage.

— mon tonton il fait des sandwichs et ma tata elle vend des légumes au marché ! ton visage d’innocence, tes joues gonflées d’amour. Les petits rires face à toi ; ton corps qui a du mal à avancer pour regagner ta place, quelques kilos en trop peut-être. sûrement trop pour eux.

Le corps rempli de tendresse et de sucreries, Caliban, tu étais p’tit gros pour eux. Le sourire enfantin de ceux qui n’ont pas encore vu la cruauté des jeunesses ; qui n’ont pas encore vu les méchancetés des semblables.
Mais le monde ne se fait pas désirer, et se laisser aller aux roulades candides, écrasant les coeurs sur son passage.
D’abord le rejet ; puis les moqueries.
L’heure de grandir, et vient alors la peau, tatouée à l’encre de vie ; hématomes. Les humiliations aux matins des soirées, les insultes jetées à la volée.

Les pleurs arrachés.

— tu parais différent, t’as maigri et tu t’es musclé caliban. Ca te va bien.

Le coeur qui se serre. Peut-être que ton corps tel qu’il était t’allait bien ? Personne ne s’est posé cette question. C’est vrai Caliban. Peut-être que les rondeurs de l’enfance t’auraient fait sourire, si les perversités de la jeunesse ne t’avaient pas touché. Peut-être oui.
ça lui va bien ahah.

Non.
Ca ne lui va pas ; car il ne s’aime toujours pas. Il n’aime pas la façon dont il a forcé ce corps pour qu’il soit ainsi. Il n’aime pas se voir dans le miroir.
Il n’aime pas la façon dont on le regarde à présent, avec parfois envie, parfois désir.
superficialité.
Personne ne jetait un regard sur lui, sinon pour le moquer, autrefois.
il n’aime pas, non. il n’aime pas..

Il a changé, tu as changé, Caliban. Tu as gardé le sourire ; les fêlures des années à te cacher, te taire. Le petit Caliban se doit de toujours sourire. Tu ne veux pas te plaindre, tu n’aimes pas ça. Tu restes silencieux ; le regard au sol, les pieds qui se touchent et s’éloignent.
Personne ne les a vu ; ces douceurs de la douleur, qui ont strié un jour ton corps, qui ont laissé de jolies marques aux couleurs des galaxies.

Le petit Caliban, il a soudainement grandi, il a forgé son corps, a essayé de le rendre plus « beau » ; mais il ne s’aime toujours pas. Il a encore les images qui lui reviennent, et le silence qui lui pèse sur le coeur.
Son coeur, si léger, si lourd, si attendri, si souriant, si agréable, si amoureux.
Parce que malgré tout, il a aimé, il aime.

Petit, il disait :
— plus tard je me marierai avec toi Hélias !

Et petit, on lui répondait en ricanant gentiment, devant les bêtises d’un jeune enfant :
— mais non, t’es comme mon p’tit frère.

Les larmes aux yeux, le visage dans une moue si agréable à regarder.
Il a longtemps aimé, et peut-être qu’il aime encore. Différemment, sûrement. Il n’est plus très sûr de ces papillons qui s’envolent dans son ventre, de son coeur qui bat la chamade, de ces frissons qui le traversent quand il est trop près. Ce n’est encore qu’un adolescent qui se cache, qui ne sait pas comment aimer.

Alors la nuit, il écrit des lettres, il regarde encore et encore les photos des temps d’antan. Il admire les sourires de ses parents, ceux qui sont partis trop tôt, et il a le coeur qui se serre.
Alors la nuit, il s’allonge quelques instants et se laisse encore aller aux rêves.

hiems ▵
coucou c'est royal je vous aime